Comment ajouter de l’humour à une histoire pour enfants?

Ajouter de l'humour dans un texte pour enfants.

Humour rime avec détente, évasion, complicité entre le lecteur et le narrateur. Comment ajouter de l’humour dans une histoire pour enfants? L’ingrédient de base de toute situation humoristique est la surprise. Ainsi, pour créer une situation humoristique, on fait appel aux jeux de sons et de mots, à l’absurde, à l’exagération, aux renversements de situations, ou encore… à l’ironie. Le choix des procédés dépend du groupe d’âge des lecteurs.

Pour faire rire vos jeunes lecteurs, voici une liste de techniques qui correspondent aux différents stades de l’enfance. Merci à Naître et grandir, Maman pour la vie et Writing Children’s Books for the Dummies pour les informations sur le développement du sens de l’humour de l’enfant.

Pour les tout-petits : la stimulation des sens

À partir de quatre mois, bébé découvre le rire. Les chatouilles, les pétouilles, les grimaces, les bruits, tous les moyens sont bons pour stimuler ses sens et le faire rire aux éclats.

C’est pourquoi les histoires  pour les tout-petits sont remplies de sons rigolos, comme des onomatopées (pouet, piou-piou, chut, ouille, miaou, prout, hi-hi, toc-toc…) qui surprennent et font varier le rythme de la lecture, ainsi que de mots amusants (tartelette, pompon, grognon, tutu, tartine, bécot, picot, cochon, champignon, ouistiti, trompette, chaussette).

« Il était un petit homme
Pirouette, cacahuète
Il était un petit homme

Qui avait une drôle de maison
Qui avait une drôle de maison
»

Pirouette Cacahuète, Gabrielle Grandière

Les livres pour bébés font aussi appel aux sens en proposant des miroirs, des textures ou encore des petits dispositifs sonores. Leur but? Rehausser l’attrait des mots à travers le toucher, la vue et l’ouïe. Et par la même occasion, éveiller l’intérêt de bébé pour le langage, la communication et les objets qui l’entourent!

Les situations absurdes

À partir de 2 ans, le développement de l’humour se fait en parallèle avec l’apprentissage du langage. À cet âge, les enfants comprennent de mieux en mieux l’usage des objets et les gestes de la vie quotidienne. Alors pour ajouter une touche d’humour dans un texte pour les tout-petits, il suffit de créer un imprévu ou une maladresse qui bouscule la routine et provoque une situation comique. Un cochon qui fait miaou? Faire dodo sur le petit pot? Voyager dans une baignoire? Fous rires garantis!

Chambouler la logique des choses en associant des concepts étrangers l’un à l’autre fonctionne aussi pour les plus grands : qui n’a pas pouffé de rire devant la baguette magique que Hagrid cache dans un joli parasol? Qui n’a pas été charmé par la mystérieuse Mademoiselle Charlotte qui parle à son caillou? Rien de tel qu’une touche de farfelu pour surprendre et ravir les lecteurs de tous âges.

Les exagérations

À partir de cinq ans, les enfants commencent aussi à apprécier les exagérations amusantes : être vert de peur, flotter sur un nuage, ronfler comme un camion.

Un peu comme la caricature, l’exagération est un détail qu’on regarde à travers une loupe grossissante afin de le dramatiser, de l’amplifier de manière rigolote.

« Ça fait trois milliards de fois qu’elle se cache à la même place. »

Marie la chipie, Dominique Demers

On retrouve souvent l’exagération dans les comparaisons, où on associe deux éléments complètements différents :

« Il avait les cheveux dans tous les sens, comme un plumeau après le ménage. »

Kamo L’agence Babel, Daniel Pennac

Complètement différents… à un détail près! Et c’est ce détail, cette similarité inattendue entre deux choses complètement étrangères, qui prend le lecteur au dépourvu, et crée l’effet comique.

Les « mots d’enfants »

L’enfance a un vocabulaire et des situations de vie qui lui sont propres et qui seraient souvent inacceptables dans le monde des grands. Mais dans les récits pour la jeunesse, ces « mots d’enfants » créent une ambiance authentique et donnent lieu à des situations humoristiques.

Parfois il s’agit de mots ou d’expressions empruntés au langage familier :

« Les filles, c’est nouille. Très nouille. »

Valentine Picotée, Dominique Demers

« Fesses de maringouin ! Tête de têtard ! Macaroni était sérieuse. Dix jours sans écran ! C’est totalement impossible. »

Série Alexis – Macaroni en folie, Dominique Demers

D’autres fois, on retrouve des mots inventés :

« un portrait de lady Machin Chose de Truc-muche dans sa nouvelle robe de bal »

Planète Larklight, Philip Reeve

Ou encore des superlatifs un peu exagérés :

« Charles-Antoine avait des yeux verts encore plus magnifiques que ceux de ma chatte Poutine. »

La nouvelle maîtresse, Dominique Demers

Il y aussi ces détails, faits ou objets qui sont insignifiants pour un adulte, mais qui ont valeur inestimable pour un enfant :

« Je voudrais le serrer dans mes bras, lui donner tout ce qui me reste d’argent de poche pour qu’il s’achète des boules de gomme géantes. N’importe quoi pour qu’il arrête de pleurer. »

Valentine Picotée, Dominique Demers

Et enfin, il y a les situations cocasses qui font partie du quotidien des enfants, mais qui seraient complètement déplacées dans un contexte adulte :

« Son plus grand plaisir était de jouer [] dans leur canoë, sur lequel il avait peint le nom : La Belle Sauvage. Un petit malin de sa connaissance trouvait amusant de griffonner un S par-dessus le V et Malcolm l’avait patiemment repeint trois fois, avant de perdre son calme et de balancer cet imbécile dans l’eau, après quoi les deux garçons avaient fait la paix. »

La Belle Sauvage, Philip Pullman

Les retournements de situations

Cette technique consiste à mettre le lecteur sur une fausse piste, puis à le prendre au dépourvu avec une conclusion complètement inattendue et rigolote :

« – Quelques cadeaux de la part de tes amis et admirateurs, dit Dumbledore. Ce qui s’est passé dans les sous-sol du château entre Quirell et toi est un secret absolu, par conséquent, toute l’école est au courant. »

« Lors du banquet de début d’année, Harry avait senti que le professeur Rogue ne l’aimait pas beaucoup. A la fin du premier cours de potions, il se rendit compte qu’il s’était trompé : en réalité, Rogue le haïssait. »

Harry Potter à l’école des sorciers, J. K. Rowling

L’ironie

Au cours de l’école primaire, l’enfant devient de plus en plus sensible aux subtilités du langage, telles que les devinettes et les jeux de mots. Peu à peu, il comprend que les mots peuvent avoir plusieurs sens. Et que parfois on dit une chose pour faire entendre son contraire : vers 10-12 ans, l’enfant découvre… l’ironie. Un procédé stylisique à utiliser avec parcimonie toutefois, car son côté abrasif pourrait nuire à l’ambiance de l’histoire!

« – Donc, après cette scandaleuse tricherie…
– Jordan !
– Je voulais dire après cette faute révoltante…
– Jordan, je vous préviens…
– D’accord, d’accord. Flint a failli tuer l’attrapeur de Gryffondor, ce qui aurait pu arriver à n’importe qui. »

Harry Potter à l’école des sorciers, J. K. Rowling

« – Par tous les diables, Rose, que fais-tu ici? J’espère que tu as une bonne excuse!
Bien sûr que non! J’ai eu une envie subite de prendre l’air et je me suis dit : « Tiens, si j’allais dans le lieu de débauche favori de mon employeur, histoire de geler sur place tandis qu’il finit ses petites affaires? »

La bête de Porte-Vent, Karine Martins

En conclusion, pour ajouter de l’humour à une histoire pour enfants on fait appel au farfelu, aux exagérations, aux renversements de situations, et parfois à l’ironie. On utilise aussi le décalage entre le monde des enfants et celui des grands pour créer des situations cocasses, qui feront rigoler les jeunes lecteurs. Et on adapte toujours l’humour au niveau de développement de l’enfant et aux préoccupations propres à son âge.

Vous avez des citations qui vous ont donné le fou rire? Des astuces à partager? Elles sont toujours les bienvenues dans les commentaires! Quant à moi, je vous retrouve bientôt avec un billet sur les fonctions de l’humour dans une histoire et à quels moments du récit l’utiliser.

Dernière mise à jour : le 20 juillet 2023

6 Commentaires

  1. Comme je suis contente de te retrouver ici Silvia. Tes conseils sont toujours appréciés. Justement, je note ‘L’ironie’ au primaire. Quelques trucs qui ajouteront un petit plus dans mes réponses du courrier.
    🙂

    1. silvia dit : Répondre

      Coucou Milly! Merci, je suis contente aussi, ça faisait longtemps que ce billet était en chantier. Je pense que le prochain (sur l’utilité de l’humour dans un récit) pourrait t’intéresser aussi pour le courrier. Et tes visites sont toujours appréciées 😉

  2. Tu vois, ça me redonne envie de relire tes conseils si bien déliés en petit morceaux. Je vois combien tout ce que tu sais sur la littérature jeunesse est énorme. Je t’en reparle dans un courriel! xx

    1. silvia dit : Répondre

      🙏❤️

  3. Prat Sàbat dit : Répondre

    Très, très intéressants ces conseils. Pour moi ils arrivent un peu « tard ». Je suis sûre que cela servira a bien d’ autres qui sont encore dans la vie active.
    Merci Silvia pour ta gentillesse.

    1. silvia dit : Répondre

      Oh la belle visite!❤️ Je suis certaine que les enseignants ont déjà des astuces plein les poches mais pour ma part, c’était chouette de réaliser que l’humour suit l’évolution du langage. Ça éclaire l’ironie d’une lumière plus bienveillante 🙂

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