Où trouver des idées pour un conte?

Mon coffre à idées
Enfant, je passais chaque été quelques semaines chez mes grands-parents. La pièce qui était mienne durant le temps des vacances contenait une multitude d’objets, tous plus intrigants les uns que les autres et forcément, interdits aux enfants. Je les avais donc tous passés au peigne fin. Tous, sauf une malle, tout en haut de la garde-robe.

On me disait qu’elle avait été montée là longtemps avant mon arrivée dans ce monde et que je n’étais pas encore assez grande pour voir les choses qu’elle enfermait. Malgré les prières, les cajoleries, les larmes et malgré les années qui passaient, je ne grandissais pas assez vite. Soir après soir, elle était la dernière chose que je voyais avant de m’endormir. Et tous les matins, elle était encore là, à me narguer du haut de son placard.

Jamais, jamais je n’ai eu le courage de l’ouvrir. Non pas à cause de l’interdiction, mais à cause de ce que j’aurais pu y trouver. Mon imagination d’enfant la peuplait de merveilles et de maléfices, de fées, de chevaliers et de créatures prêtes à bondir.

Il y a quelques années, lors d’un voyage dans mon pays d’origine, la Roumanie, croisant les doigts et jouant sur l’émotion des retrouvailles, j’ai demandé à ma grand-mère si j’étais enfin assez grande pour ouvrir la malle. Je l’étais. J’allais, enfin, la descendre de son piédestal.

Et puis j’ai changé d’avis. Elle était ma malle à merveilles. Mon coffre à idées. Je voulais qu’elle reste fermée pour continuer à garder tous les trésors de mon enfance.

Pour quel enfant faut-il écrire?
Je crois qu’il est difficile d’écrire un conte en pensant à un enfant qui nous est proche. Notre instinct de protection nous empêchera d’imaginer cet enfant en train d’affronter les défaites, les monstres et les périls qui sont essentiels à la réussite d’un conte.

C’est pourquoi je crois qu’on ne doit pas écrire un conte en tant que parent, ami ou conseiller. On doit l’écrire en tant qu’enfant. En allant chercher dans notre malle à  merveilles nos peurs, nos désirs et notre cœur d’enfant. Et on doit l’écrire pour soi-même.

Ravivez vos souvenirs
Nos souvenirs d’enfance sont une immense source d’idées. Faites marche arrière. Remontez le temps. Feuilletez des albums de famille, un journal intime et même des cahiers d’école. Fouillez dans un sac de vieux vêtements et rappelez-vous celui que vous étiez au moment où vous les portiez.

Souvenez-vous des interdits. Un placard fermé à clé. Une ruelle que vous n’aviez pas le droit d’emprunter seul. Et si vous aviez désobéi? Pensez à un rêve que vous faisiez à répétition sans en connaître la fin. Quelle aurait pu être cette fin? Souvenez-vous de votre souhait le plus cher, ainsi que de votre plus grande frayeur. Imaginez ce qu’il serait advenu si l’un ou l’autre s’était réalisé.

Pensez aux gens qui vous ont marqués. Dans votre histoire, un ami d’enfance ou un animal de compagnie pourrait devenir un compagnon de route. Un grand-parent, un guide bienveillant. La voisine grincheuse serait une vilaine sorcière. Quant au garnement qui se croyait tout permis dans la cour de l’école, il le paierait cher à la fin du récit!

Créez  une ambiance
Pour présenter mon atelier sur le conte, j’ai choisi plusieurs objets. Certains auxquels je suis attachée, d’autres que je trouve simplement beaux ou mystérieux : un tapis, un châle tricoté par ma grand-mère, la réplique d’une pièce de monnaie ancienne, une peinture de mon amie Francesca, une cuillère en bois, une boule de cristal, des cailloux, une tasse en terre-cuite, une tête d’ail, une poignée de noix et quelques bâtons de cannelle. J’ai disposé ces objets un peu partout dans la salle. Parmi eux, j’ai posé des bougies. Et j’ai éteint les lumières.

Il est fascinant d’observer la dimension que prennent les objets à la lueur d’une chandelle, à quel point le jeu d’ombre et lumière les rend vivants. Il est alors tellement facile d’imaginer les coins du tapis qui sursautent doucement, prêts à s’envoler. Ou bien d’entendre le cliquetis d’une monnaie qu’on lance dans un coffre rempli à ras-bords. Ou encore de sentir les arômes qui  s’échappent de la marmite d’une gentille sorcière.

Ne  vous donnez pas d’objectif précis, ou un nombre de pages à écrire. Cherchez juste à avoir du plaisir. Trouvez-vous un petit coin tranquille et douillet. Faites jouer une musique d’ambiance qui vous inspire. Ramassez des objets qui vous viennent d’êtres chers, ou qui vous font penser à un conte. Regardez-le attentivement, sentez leur température, leur texture, leur poids, leur odeur. Imprégnez-vous de leur présence. Guettez les émotions et les souvenirs qu’ils réveillent en vous. Et laissez-les vous raconter une histoire.

 

Crédit image: FreeGreatPicture.net

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2 Commentaires

  1. Superbe atelier du conte et de l’ambiance Silvia! … J’adore l’histoire que tu racontes dans le but d’introduire ton idée sur l’ambiance d’un conte. Je crois que je vais en apprendre beaucoup pour ajouter à mon baluchon! 🙂

  2. silvia dit : Répondre

    Merci Milly, je suis contente que mon coffre à merveilles ait du pouvoir sur toi aussi… 🙂 Bonne route à toi et ton baluchon!

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