Les personnages-clé du conte: les actants de Propp

Les personnages d’un conte merveilleux sont simples, unidimensionnels, complètement bons ou mauvais. Les gentils sont beaux, courageux et loyaux. Les méchants sont jaloux, vaniteux et laids.

Souvent, on les désigne simplement par un surnom qui définit leur rôle dans l’histoire: la Belle, Peau d’Âne, le Prince, la Marâtre. La psychologie des personnages n’a pas d’importance, car l’intérêt du récit réside dans le caractère merveilleux du conte.

Dans un conte, chaque personnage, événement ou objet a un rôle spécifique : celui de participer à la construction du récit. Vladimir Propp (1895-1970), folkloriste russe qui a longuement étudié la structure narrative des contes de fées, désigne ces personnages, événements ou objets par le terme actant, soit « toute force (entité) qui agit dans le récit et qui est susceptible d’en changer le cours ».

Il a réparti les actants comme suit:

Le héros :
Le personnage auquel s’identifie le lecteur. La plupart du temps, il est gentil, sympathique, jeune et innocent voire sans défense.  C’est à lui que revient la mission de résoudre un problème, partir dans une quête, réparer une injustice, etc. À la fin de l’histoire, comme récompense pour son courage et son bon cœur, il se voit attribuer un inversement de situation : de faible il devient fort, de pauvre il devient riche, etc.

L’adversaire :
Celui qui produit le méfait : le géant, l’ogre, la mauvaise sorcière. C’est le personnage antipathique qui doit être vaincu par le héros. L’adversaire est essentiel à l’histoire car c’est grâce à lui, aux obstacles qu’il dresse sur le chemin du héros, que celui-ci « grandit » et évolue. Plus l’adversaire est puissant, plus l’histoire sera palpitante et plus le héros aura du mérite!

Le faux héros:
Le rival du héros. Il est incapable de réussir les épreuves accomplies par le héros mais il tente de s’en approprier le mérite. Au début, il parvient à nous faire croire qu’il est le héros, mais son imposture sera vite démasquée (exemple : les méchants frères ainés, qui n’ont pas commis le méfait principal de l’histoire, mais qui, par jalousie, tentent d’empêcher leur benjamin d’accomplir sa mission.)

Le donateur :
Souvent un être en apparence sans défense : un vieillard, un lutin ou un animal blessé. Le héros le rencontre par hasard et lui rend service. Pour le remercier, le donateur lui remet un objet magique qui aidera le héros dans sa mission: une potion, une cape d’invisibilité, un peigne qui se transformera en forêt pour ralentir la méchante sorcière, ou un simple conseil.

L’auxiliaire :
L’allié, humain ou magique qui aidera le héros dans son combat contre le méchant (Sam, compagnon de Frodo, une fée, un animal, une épée…).

La princesse et son père :
Symbolisent l’objet qui est à la fois menacé par l’adversaire et convoité par le héros : l’enjeu de l’histoire. C’est aussi la récompense que le héros aura à la fin du conte: l’amour, la victoire, la santé, la richesse. Plus l’enjeu est important, plus la tension dramatique est grande et  plus le récit est captivant.

Le mandateur :
Le personnage qui envoie le héros dans sa quête. Le mandateur peut être le roi, un parent, aussi bien qu’un message ou un rêve qui incite le héros à quitter son contexte familier et partir dans son périple.

 

On peut considérer les actants de Propp simplement comme une ligne directrice pour le scénario, sans tous les utiliser. Dans les contes plus courts, certains personnages peuvent assumer plusieurs fonctions à la fois. Par exemple, le héros peut aussi être son propre mandateur (comme Elizabeth dans La princesse dans un sac de Robert Munsch) et plusieurs personnages peuvent se partager une même fonction (la marraine et les petits animaux sont tous les alliés de Cendrillon).

 

Sources :

J’écris des nouvelles et des contes, par Louis Timbal-Duclaux.
Crédit image: freepik.com

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1 Commentaire

  1. WAIDERE DOROTHEE dit : Répondre

    j’apprécie à sa juste valeur,votre élaboration du personnage.

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